L'En Dehors quotidien anarchiste individualiste
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CNT
Lu sur Calle Luna : "La CNT, kézaco ? Le nom de la CNT circule désormais régulièrement, sur les tracts, dans les manifestations, parfois dans les médias. Mais si les trois lettres commencent à être connues, ce qu'elles signifient reste souvent bien flou. Plusieurs éléments concourent à cela. « Confédération nationale du travail » indique bien qu'il s'agit d'un syndicat, pour le reste les termes ne sont guère explicite ; et comportent un « nationale » bien peu opportun, de nos jours, en France. Ensuite, les références de la CNT, syndicalisme révolutionnaire, anarchosyndicalisme, laissent souvent la place à un « anarchisme » qui ne lui correspond pas. I- REFERENCES HISTORIQUES Historiquement, la CNT a deux références, le syndicalisme révolutionnaire et l'anarchosyndicalisme. 1) Le syndicalisme révolutionnaire Le syndicalisme révolutionnaire de la CGT d'avant la guerre de 14-18, bâtie en grande partie par des militants issus de l'anarchisme, avec certains principes hérités de cet anarchisme (démocratie directe), mais en rupture avec l'organisation politique (principe classiste, c'est-à-dire appartenance de classe comme critère de recrutement et non appartenance idéologique), et en développant des modes d'action propres : grève générale expropriatrice. 2) L'anarchosyndicalisme La seconde référence de la CNT, c'est l'anarchosyndicalisme de la CNT espagnole, qui s'affirme, depuis le début du XXe siècle jusqu'à 1936, comme la principale organisation révolutionnaire espagnole. Contrairement à la plupart des pays occidentaux, la bolchevisation des courants révolutionnaires suite à la révolution russe n'est pas parvenue à absorber celui espagnol. II- REFERENCES IDEOLOGIQUES « Les anarchistes de la CNT », était jusqu'à la fin des années 90 la dénomination la plus courante qui servait aux médias pour nous désigner. On est passé ensuite à « Le syndicat anarchiste CNT ». C'est bien, ça progresse, mais c'est pas encore ça ! Certains commencent à nous appeler « anarchosyndicaliste ». On se rapproche... 1) La CNT, libertaire ? Se référant à l'anarchosyndicalisme et au syndicalisme révolutionnaire, la CNT aujourd'hui oscille entre la reconnaissance d'un projet communiste libertaire et le refus de toute étiquette spécifiquement idéologique : pas d'organisation politique, de quelque obédience qu'elle soit, comme tutrice de l'organisation syndicale. Une logique d'adhésion qui est basée sur l'appartenance de classe, et non les références idéologiques. 2) L'action comme idéologie C'est dans l'action bien plus que dans les dogmes idéologiques que la CNT se construit. Parfois accusée d'activisme, soupçonnée d'oublier la réflexion et d'étouffer les débats internes dans un mouvement perpétuel, elle assume ces critiques en considérant la réflexion comme fruit de l'action, l'idéologie issue de la pratique, et non l'inverse. 3) L'action directe Il est révélateur que l'un de nos principes primordiaux soit un principe d'action, l'« action directe ». Que faut-il entendre par ce terme ? Souvent, il est détourné de sa signification subversive, en ne renvoyant qu'à une idée erronée de « violence », cette même « violence gratuite » que l'on nous attribue régulièrement dans les médias. En réalité, si une action directe peut être violente, le plus souvent elle ne l'est pas. L'action directe, c'est une forme de lutte, décidée, mise en oeuvre et gérée directement par les personnes concernées. Grèves, sabotages, piquets de grève, occupations, sont des formes d'action directe, celles que nous pratiquons régulièrement dans notre travail syndical. III- CNT, DE 1946 A LA RUPTURE AVEC L'AIT La CNT est née en 1946. Elle a pris le nom de CNT en référence à la CNT espagnole, bénéficiant d'un immense prestige. Le « nationale » s'explique ainsi, qui était justifié dans le contexte espagnol où le régionalisme était utilisé par les forces réactionnaires et où ce terme affirmait l'unité de la classe ouvrière. Dans la situation française, il était certes nettement moins pertinent, d'autant plus aujourd'hui que la référence espagnole s'avère moins prégnante. 1) La CNT groupusculaire Bénéficiant d'un essor considérable au lendemain de la guerre (100000 adhérents environ), réunissant tous ceux qui ne se reconnaissaient pas dans une CGT inféodée aux bolcheviques (Parti communiste), elle s'est écroulée aussi rapidement qu'elle a grandi, semble-t-il en raison d'affrontements idéologiques de dogmatiques épris de pureté. Mais cette période, sur laquelle des camarades travaillent actuellement, est historiquement mal connue. Puis la CNT, si elle n'a jamais disparu, a connu jusqu'aux années 90 une longue existence de groupuscule, oscillant de quelques dizaines à quelques centaines d'adhérents. 2) La première scission Elle a connu durant cette période deux scissions. La première, dite de la « Tour d'Auvergne », du nom de la rue où se trouvait le local de la CNT d'alors. Elle existe toujours, sous le nom de « CNT-deuxième UR », elle réunit une dizaine d'adhérents, et ses principales activités semblent être l'animation d'un site Internet (http://www.cnt-2eme-ur.org/) et la propagande anarchiste. Les origines de cette scission sont assez floues et semblent relever essentiellement de querelles personnelles. 3) La seconde scission Celle-là date de 1993. Il s'agit de la CNT-AIT (http://cntait89.free.fr/), qui réunit aujourd'hui environ 150 adhérents. Le XXe congrès de l'AIT (Association internationale des travailleurs), en 1996, a en effet exclu « notre » CNT, à 2 voix contre une ( !) et 3 abstentions... un vote minoritaire, bien peu représentatif de notre logique de fonctionnement, privilégiant le consensus. Une fois encore, des oppositions de personnes ont joué un rôle déterminant dans cette scission. IV- CNT, DE 1995 A AUJOURD'HUI Sinon un développement fulgurant, la CNT a, au long des années 90, connu un développement conséquent. Lors de la scission de 1993, les deux branches qui se séparaient comptaient chacune une bonne centaine d'adhérents environ, ce qui était plutôt important en regard des effectifs connus jusqu'alors. Dix ans plus tard, la CNT revendique environ 4000 adhérents sur toute la France. La région parisienne, qui réunissait à l'époque une dizaine d'adhérents, en compte aujourd'hui un millier, et parvient à composer des cortèges de plusieurs milliers de personnes (7000 le premier mai 2002 - 10000 selon l'envoyé spécial de France Info, qui avait dû abuser de substances illicites !). 1) La question des élections professionnelles Cette question, comme nous l'avons vu, s'est trouvée au coeur de la scission de 1993. Le problème qui s'est posé à nous était simple. Soit nous maintenions des principes inflexibles de refus de participation à ces élections (en particulier parce que les élus ne sont pas révocables), mais nous renoncions de fait à la possibilité de créer des sections syndicales (sans DP - délégués du personnel -, il est pratiquement impossible d'acquérir la représentativité, sans représentativité il est impossible d'ancrer une section syndicale en raison de la répression patronale). C'est ce choix qui a été fait par la CNT-AIT. 2) La FAU et novembre-décembre 1995 Paradoxalement, c'est le développement d'un syndicalisme étudiant CNT, légèrement antérieur aux luttes contre le CIP, qui a contribué pour une bonne part au développement de la CNT dans le sens d'une organisation syndicale. Dans un premier temps, l'activisme des sections universitaires (FAU-Formations action universités) a popularisé la CNT et a contribué à la faire apparaître publiquement. 3) Des apparitions publiques de masse Mai 2000 a été l'événement public symbolisant, en France, le renouveau de l'anarchosyndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire. Durant une semaine, des concerts, des débats publics, des conférences, des projections, des expositions, des pièces de théâtre, se sont inscrits dans un festival baptisé « Un autre futur », organisé par la CNT. Divers livres, brochures et journaux furent publiés à l'occasion. Avec 5000 personnes dans la rue, le premier mai fut cette année-là rouge et noir, avec le plus grand cortège depuis des décennies, composé de camarades venant de toute la France, de délégations du monde entier. 4) Implantation syndicale et front social Ces dernières années, la CNT a poursuivi cette évolution. Non sans heurts, elle continue sa mue, de groupuscule de propagande en organisation syndicale. Sur le champ politique, elle est présente sur tous les fronts : lutte contre la guerre, antisexisme, lutte contre les lois répressives, mobilisation sur les sommets internationaux, soutien aux sans-papiers... Sur le champ syndical, elle élargit son implantation, la nouveauté de ces dernières années étant le développement de contacts avec des syndicalistes de la CFDT ou de la CGT, sur des pratiques de lutte de classe. L'image de violence, l'étiquette d'« anarchiste », s'estompent peu à peu, au fil des pratiques communes lors des luttes au quotidien. les rapports avec les hiérarchies syndicales, en revanche, sont plus mauvais que jamais. De la CGT qui, en mai 2001, demande à la police de nous empêcher de manifester, à l'intersyndicale CGT-CFDT-FO qui, en mai 2002, appelaient à un cortège « unitaire »... sans nous ! la tension s'accentue. Le dernier congrès de la CGT, accentuant nettement la « cédétisation » (CFDT) de la confédération, ne va pas manquer d'accentuer encore ces tensions, révélatrices de la peur de se faire déborder. 5) Printemps 2003 : enracinement syndical Même s'il est encore trop tôt pour en tirer un bilan complet, le large mouvement social du printemps 2003, suivi du mouvement des intermittents tout au long de l'été, a révélé l'immense chemin parcouru par la CNT depuis novembre-décembre 1995. Nous émergions alors à peine, et c'est seulement dans les universités que nous avons participé au mouvement de manière décisive. Nous étions présents sur d'autres fronts, mais surtout de l'extérieur. Le mouvement du printemps 2003 a démarré sur la fronde de l'Education nationale, qui durait déjà depuis plusieurs mois, du département de Seine-Saint-Denis où nous sommes fortement implantés. Il s'est appuyé sur la lutte des emplois-jeunes et des surveillants, dans laquelle nous avons eu un rôle central dans plusieurs régions, et qui avait débuté dès la rentrée scolaire 2002. Il s'est organisé sur les assemblées générales d'établissements en lutte et sur la recherche d'une convergence interprofessionnelle, dès mai. Là encore, notre rôle fut essentiel dans plusieurs régions, grâce à notre implantation construite ces dernières années, dans la foulée de 1995. Mais il n'est pas l'objet ici de faire un catalogue : la révélation essentielle est que nous existons réellement maintenant comme syndicat, dans de nombreuses branches. Que notre présence dans d'autres branches, où nous ne sommes pas encore suffisamment influents, nous a au moins permis de propager largement l'information sur le mouvement et notre perspective propre (commerce, presse, métallurgie...). V- ORGANISATION DE LA CNT Le mode de fonctionnement de la CNT correspond à la manière dont nous prétendons que la société dans son ensemble peut être gérée. Décisions par la base, mandats impératifs, rotation des tâches... C'est pas toujours facile, mais ça s'apprend par la pratique ! 1) Le syndicat, structure de base Les prises de décisions sont effectuées au niveau des syndicats, qui constituent la base décisionnelle de la CNT. La CNT est conçue comme une confédération libre de ces syndicats. Le principe fondamental, dans la CNT, est le même au niveau local que dans la perspective révolutionnaire : ce sont aux prolétaires de travailler à leur émancipation, ce sont aux travailleurs concernés de prendre les décisions les concernant, tant que le pacte confédéral est respecté. Le syndicat est un syndicat d'industrie : en clair, c'est un syndicat interprofessionnel réunissant les différentes catégories de personnel travaillant dans une même industrie. La section d'entreprise est également interprofessionnelle. Ce principe est parfois difficile à concilier avec la réalité des formes d'exploitation : ainsi, dans le nettoyage, les travailleurs peuvent changer régulièrement de chantier et ne sont pas forcément attachés à une industrie, encore moins à une entreprise. 2) Les structures de coordination Il existe environ 130 syndicats confédérés dans la CNT aujourd'hui. Le bureau confédéral assure le lien entre les congrès (tous les deux ans). Sa charge est uniquement technique, il veille au fonctionnement courant de la confédération, à la circulation de l'information en interne et avec l'extérieur. Il applique les décisions du congrès, il organise le CCN (Comité confédéral national). 3) L'international, une priorité Au sein du bureau confédéral, le secrétariat international, composé d'une quinzaine de camarades, travaille à développer les contacts internationaux, à coordonner les actions internationales, à mettre en rapport les syndicats de la CNT avec des structures équivalentes afin de concrétiser une réelle dynamique internationale issue de la base. 4) Les commissions La CNT se dote de commissions. Emanations des syndicats, elles peuvent être interne à l'un d'entre eux, ou s'élargir jusqu'au niveau confédéral. Elles n'ont souvent qu'une existence ponctuelle en rapport avec l'actualité. Quelques commissions parviennent cependant à se pérenniser : la commission femmes est la plus ancienne, elle est mixte et travaille sur le sexisme et les rapports entre sexes ; la commission prison ; la commission juridique, qui se met en place afin de répondre mieux aux besoins croissant des syndicats, particulièrement pour les procès en représentativité à l'occasion des créations de sections d'entreprise ; etc. Alors, la CNT, c'est quoi ? Wilfrid, syndicaliste à la cnt BIBLIOGRAPHIE Une petite biblio de bouquins lisibles sans aspirines, très incomplète.
Mis en ligne par libertad, le Lundi 1 Septembre 2003, 18:18 dans la rubrique "Pour comprendre".
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