L'En Dehors quotidien anarchiste individualiste
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Pourquoi toujours dans le désert ?
Cette question anodine a fini par m'exaspérer. Il est vrai qu'on me la posait souvent agrémentée de l'une ou l'autre réflexion du genre « il n'y a que du sable » ou, pire, « il n'y a rien là-bas ». Je ne comprenais pas. Quoi, le Sahara, le réduire à un tas de sable et de pierres ! N'y voir qu'une sorte de salon sado-maso pour occidentaux en mal d'exotisme ! Ils ne se rendaient donc pas compte ? Le Sahara ! Si grand, si beau, si pur, si mystérieux, avec Antinéa-Tin Hinan, les Garamantes, l'Atlantide, l'Escadron blanc, Joseph Peyré, Pierre Benoît, Ernest Psichari, René Caillé, Saint Ex même ! Les Toubous pillards et les Touaregs ... si nobles et ... blancs, plus blancs que blancs ... si, si et si ... Il n'y a pas de doute. La plupart de mes interlocuteurs ne comprenaient pas ce que j'allais faire dans ce désert inhospitalier, voir dangereux. D'aucuns se risquèrent même ( en quoi ils trompaient ) à me trouver une âme d'ermite et à suggérer que, sans doute, comme Charles de Foucault, j'y vivais ma catharsis. Mais puis-je le leur reprocher car, quelle idée en effet, d'aller passer ses vacances dans une rôtissoire ! Et, au fond, le savais-je moi-même ce qui, bon an mal an, me ramenait irrésistiblement dans la cuvette torride de In Salah, la désolation, les colonnes d’air tourbillonnant et les mirages du Tadémaït, le piège des dunes de Laouni ou sur les pistes infâmes et cassantes du Hoggar ? Devais-je vraiment boire, à In Ebeggi, cette eau qui contenait des excréments de chèvre et des oiseaux morts ? Or, j’y allais, dans ce désert, j’y retournais, j’y séjournais, je m’en imprégnais et j’appréciais. Il m’est arrivé, perché sur mon dromadaire, d’éprouver si fort le besoin d’exulter, d’exploser de chanter, à tue-tête… que je me laissais pudiquement distancer par mes deux compagnons Touaregs. Et je chantais. Ou je pleurais. Le bonheur n’a pas de préférences. Je vivais le moment présent, pleinement … sachant que … to morrow is another day !.. Essayons de répondre, après quelques précisions liminaires. En 1970 et 1972, c’était avec Viviane V. Je dois ainsi avoir séjourné, au total, quatre ou cinq mois dans le désert. Peu, en somme. J’ajouterai que tous les moyens de locomotion furent bons : avion, bateau, train, automobile, âne, chameau, et même pirogue , au Bénin … Rien de bien extraordinaire… J’en parle, parce que j’ai connu là, dans le Sahara, au fil de mes voyages, et chaque fois fidèles au rendez-vous, des jours entiers d’une plénitude insoupçonnable. Parce que j’éprouvais intimement, dans chacune de mes fibres, l’extraordinaire bien-être que procure la concordance parfaite entre deux états qui, après s’être reconnus, se rejoignent, font route ensemble et s’épousent pour la « grande perte qui est le grand bonheur», celle de tout désir et donc de toute souffrance. Mais, quelle concordance ? De quoi s’agit-il ? De quoi parlez-vous ? Après vingt ans de réflexion ne pouvez-vous être plus clair ? Si, je le peux. Il s’agit de la concordance de deux musiques, de deux poésies, qui à mon insu et très progressivement, se sont appariées. Deux poésies qui eussent pu demeurer parallèles à l’infini et ne jamais se rencontrer… mais qui s’étaient rencontrées, là-bas, sur cette merveilleuse terre d’Algérie. Une poésie qui ne satisfait à rien, et surtout pas à un besoin. Poésie de l’acte gratuit et de la débauche. Poésie qui ne répond à aucune question mais qui, à l’heure où l’on voudrait dormir enfin, avec une sorte de cruauté amoureuse que seuls les grands amants connaissent, pose ses questions, obstinément , là où se rejoignent la mollesse de la dune et la verticalité du soleil, comme ça, sans raison, par amour quasi, si ce n’en est ! Une poésie impitoyable par la profusion des espaces qu’elle libère et des vertiges qu’elle induit, des esthétiques qu’elle fonde et déploie. Une poésie cruelle parce qu’elle introduit à l’antichambre des dieux, nous les désigne, frères et bourreaux , indissolublement et dit à Moïse : « Tu nous as menti mais ils sont vivants ». Poésie enfin, celle de mon propre chant, que je porte, là, lestée de mes propres déserts et de mes absences, de mes espaces et de mes impasses, de mes passes et de mes étranglements… de cette indicible suffocation de celui qui se sait essentiellement et irrévocablement seul, parce qu’il n’y a qu’une vérité fondatrice : la mort … et parce qu’un soleil fou, aveugle et sourd à nos objurgations, éclaire jusqu’à l’absurde l’absence de sens qui, de toute façon, absout tout, tous et toutes rappelant à notre modestie ces paroles de Qohélet (Ancien Testament) : « Il n’y a qu’un souffle pour tous. L’homme n’a rien que n’a la bête. Tout est vent ». Mais, pour dire cela, il me reste à en inventer la langue, à en écrire le poème… et ce n’est pas simple… Alors, fort heureusement, il y a des images. Belles comme des miroirs aux alouettes. Des images bien sages que je vais vous commenter. (1) Lu entre les lignes, le livre « LA MORT DE CHARLES DE FOUCAULD » du "Petit Frère de Jésus" Antoine Chatelard, est édifiant sur le personnage de Foucauld. Je vous le recommande. Editions Karthala 22-24, boulevard Arago - F 75013 PARIS - 346 PAGES - Prix : environ 27 Euros . Christian-Erwin Andersen se présente comme "poète & voyageur" - Son site "Le poète & ses déserts : http://tin01.site.voila.fr/.. . Son adresse :christian.andersen@skynet.be Mis en ligne par libertad, le Samedi 10 Mai 2003, 16:17 dans la rubrique "Le privé est politique".
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